Égypte

L’Égypte a connu ces dernières années des changements politiques majeurs qui ont eu un impact sur l’économie et les conditions de vie de ses habitant·e·s, notamment en matière d’accès aux services de santé. Bien que le constat soit fait d’une dégradation de la qualité des services au sein des hôpitaux public, le pays connaît des progrès tangibles concernant l’accès aux services sociaux de base et des soins de santé. En janvier 2014, la Constitution égyptienne place explicitement la santé en tête des priorités nationales, soulignant l’importance du droit à la santé et de l’accès à des services de santé de qualité, en doublant les dépenses de 1,5 % du PIB à 3 %, ce qui offre une occasion précieuse d’améliorer les systèmes de santé et de travailler à la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Dans ce cadre, le gouvernement égyptien a lancé le programme Takaful et Karama (Solidarité et Dignité), qui fournit un soutien financier pour l’éducation et l’accès aux soins de santé pour les enfants des familles les plus pauvres.
Malgré ces efforts, les tentatives d’amélioration du système national de soins de santé ont été frappées par la crise sanitaire mondiale liée au COVID-19 qui a pesé fortement sur les installations sanitaires et les travailleur·se·s de la santé, ce qui s’est reflété sur le bien-être des usager·ère·s, et en particulier des populations les plus vulnérables.  Les conséquences sur la lutte contre le VIH/sida et les IST (notamment l’hépatite C) sont à craindre, dans un pays fragilisé par la crise.

Les jeunes et les populations clés, premier·ères touché·e·s

Selon l’ONUSIDA*, en 2021, 30 000 personnes vivaient avec le VIH en Égypte, au premier rang desquelles les personnes usagères de drogues injectables (UDI) et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Chez les HSH, la prévalence atteint 6,7 %. Les taux de prévalence observés chez les UDI et les travailleur·se·s du sexe (TS) sont respectivement de 2,5% et 2,8%. Les jeunes, qui représentent environ 60% de la population – l’âge moyen de la population est de moins de 25 ans – sont particulièrement sensibles au risque d’infection.

 

* Source : Chiffres ONUSIDA 2021

La voie à suivre pour l’Égypte en matière de prévention et de traitement

Pour tenter d’atténuer les difficultés auxquelles sont confrontées les populations vulnérables en matière d’accessibilité aux services et pour atteindre l’objectif stratégique mondial d’élimination du VIH/sida d’ici 2030, plusieurs actions ont été mises en place pour assurer la continuité et la durabilité des services de santé avant et après la pandémie de COVID-19.

Dans le cadre de la réponse nationale, le ministère de la Santé a élargi la portée des services de soins et de traitement en ouvrant 13 nouveaux centres de traitement du VIH/sida, dans le but de réaliser la stratégie du « traitement pour tou·te·s ».  Des cliniques de virologie ont été créées dans les hôpitaux psychiatriques pour fournir des services de dépistage et de traitement en réponse aux taux élevés d’infection parmi les personnes usagères de drogues injectables. En outre, des formations sont dispensées aux prestataires de soins de santé afin d’améliorer leurs connaissances sur le VIH/sida et les meilleures pratiques pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination au sein des établissements de soins.

Ces actions découlent d’expériences négatives recueillies au cours des dernières années, notamment grâce aux observatoires, auprès des groupes de populations clés et PVVIH, telles que la stigmatisation dans les établissements de soins et le refus d’interventions chirurgicales majeures en raison de leur statut sérologique. Mais cela n’est pas suffisant. Une étude menée en 2014 parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans a montré que seulement 5,23% ont des connaissances sur la prévention du VIH, les acteurs communautaires doivent commencer à utiliser des outils innovants pour sensibiliser la communauté et inclure les jeunes comme un groupe cible principal dans les futures interventions programmatiques.

*Source : Population Council, Panel survey of young people in Egypt (SYPE), 2014 

CHIFFRES CLÉS

ONUSIDA 2021 – ÉGYPTE

3300

nouvelles infections au VIH en 2021

40 %

des PVVIH connaissant leur statut reçoivent un traitement antirétroviral

2.8 %

taux de prévalence au VIH chez les TS

Le VIH/sida, un tabou social

La constitution égyptienne stipule que chaque citoyen·ne a le droit à la santé selon les normes de qualité. Le refus de traiter ou de fournir le service nécessaire à tout individu est considéré comme un crime. Le gouvernement égyptien s’engage donc à mettre en œuvre des politiques visant à réduire les stigmatisations et discriminations. Ainsi, une politique de lutte contre la stigmatisation a été élaborée en 2016 afin de fournir des services complets et de qualité aux personnes vivant avec le VIH et aux groupes de populations clés.  Cependant, elle n’est pas bien diffusée à l’échelle nationale et les populations vulnérables et la majorité des informateurs clés ne la connaissent pas.

Malgré l’existence de lois et de règlementations en vigueur, le VIH/sida reste considéré comme une maladie stigmatisée en raison de la nature de la communauté conservatrice où les mythes sont largement répandus parmi les différentes classes sociales sur les modes de transmission ou, pire encore, les connaissances n’existent pas. La stigmatisation et la discrimination sont un véritable défi et les PVVIH font face à des accusations morales en raison de leurs comportements à risque qui sont socialement inacceptables à différents niveaux : la population en général, les parents, la famille, les amis et les établissements de soins de santé constituent le principal obstacle aux efforts de prévention et de contrôle du VIH.

J'avais un bras cassé et j'étais censé me faire poser une plaque et des vis, et quand ils ont su que j'étais séropositif, j'ai été renvoyé de l'hôpital sans subir l'opération nécessaire

Personne vivant avec le VIH

La société civile en manque de moyens

Les organisations de la société civile (OSC) en Égypte sont confrontées à des défis liés à l’allocation de fonds, en particulier ceux liés aux activités de prévention du VIH/sida. L’obtention de fonds durables est un élément fondamental pour maintenir les services liés au VIH/sida, y compris, mais sans s’y limiter, le conseil, le soutien psychosocial et la prévention auprès des populations clés et vulnérables.

Ainsi, la capacité des personnes clés et des personnes vivant avec le VIH à accéder à ces services pourrait être affectée en fonction de la disponibilité des fonds. Depuis 2016, presque tous les programmes de réduction des risques gérés par des ONG ont dû fermer leurs portes en raison du manque de ressources. Cependant, ces derniers temps, les services liés au VIH/sida sont mieux suivis par le Programme national de lutte contre le sida, dans le cadre duquel les autorités sanitaires égyptiennes ont commencé à fournir une assistance aux OSC en matière de cycle de conseil et de dépistage volontaire, y compris la fourniture de tests rapides gratuits, d’outils de réduction des risques, ou encore de traitements antirétroviraux gratuits pour les personnes testées positives parmi les groupes de populations clés. En outre, le renforcement des capacités des prestataires de services des OSC est devenu une routine continue, dans le but de garantir un service de qualité conforme aux recommandations de l’OMS et aux normes de qualité avancées.

RESSOURCES PAYS

Egypte

Études
Étude baseline

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Rapport multi-pays

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