Maroc

Malgré l’engagement du Maroc pour la promotion de la santé, des disparités entre les régions persistent. L’espérance de vie à la naissance en milieu rural est de six ans inférieure à celle en milieu urbain et le taux de mortalité infantile y est deux fois plus élevé. L’utilisation des services de santé de base reste très limitée, en dehors de certains programmes prioritaires. En cause notamment, un accès inégalitaire au financement des soins de santé, desquels les plus précaires restent éloigné·e·s. L’assurance maladie ne couvre que 31% de la population marocaine. Aujourd’hui, une grande partie du réseau hospitalier public est vétuste et doit faire face à une pénurie aiguë en personnel soignant. La hausse des comportements dits “à risque”, et notamment l’usage de drogues par voie intraveineuse, participe du développement des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) dont le VIH/sida. Tandis que le Maroc, à l’instar des autres pays de la région MENA, connaît une épidémie de VIH concentrée avec une prévalence estimée à 0,1% dans la population générale, celle des usager·ère·s de drogues injectables s’élève à 7,1%*. Les traitements de substitution aux opiacés par méthadone mis en place dans le pays sont néanmoins considérés comme un moyen efficace de réduire la consommation d’opioïdes et le taux de mortalité. Ils ont également fait leurs preuves en matière de réduction des risques présentant des dangers de transmission du VIH, de l’hépatite C et des IST.

 

* Source : Chiffres ONUSIDA 2021

Un accès limité aux services d’information et prévention

Les services d’information et de prévention spécifiques aux populations clés sont inexistants ou insuffisamment adaptés. Les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) soulignent par exemple l’absence de matériel d’information adapté à leur communauté, tandis que les usager·ère·s de drogues injectables (UDI) regrettent le manque d’informations sur l’hépatite C. Beaucoup de travailleur·se·s du sexe (TS) ne connaissent pas l’éventail des moyens de prévention, telles que les prophylaxies pré et post-exposition (PrEP et PEP). L’accès à l’information sur la prise en charge est également limité. Dans ce cadre, le renforcement des connaissances des PVVIH via l’éducation thérapeutique pourrait jouer un grand rôle, mais celle-ci n’est encore pas suffisamment développée en dehors des associations. 

Le lent développement de la prise en charge

Le Plan stratégique national (PSN) pour la période 2017-2021 prévoit d’étendre l’offre de traitements au VIH, en élargissant notamment le nombre de structures hospitalières publiques chargées de prescrire des traitements antirétroviraux (ARV). Mais le déploiement de ce dispositif est loin d’être optimal. Fin 2018, seule la moitié des 38 centres de santé prévus par le PSN étaient opérationnels et le coût du transport pour s’y rendre représente parfois une charge rédhibitoire à la consultation*. Les UDI témoignent de difficultés d’accès au traitement de substitution aux opiacés (TSO) avec méthadone. Un paradoxe quand on connaît le rôle pionnier du Maroc en matière de réduction des risques dans la région. S’il est prévu par la loi, le dispositif de l’injonction thérapeutique comme alternative à l’incarcération des UDI, n’est pas opérationnel. Tant les magistrat·e·s que les centres d’addictologie en charge de son application restent en effet peu informé·e·s et équipé·e·s. 

 

*Source : Programme FORSS – MAGUET Olivier, Rapport d’état des lieux des services disponibles en matière de lutte contre le VIH/sida au Maroc, Février 2019.

Chiffres-Clés

ONUSIDA 2021 – MAROC

80 %

des PVVIH qui connaissent leur statut reçoivent un traitement antirétroviral

7.1 %

taux de prévalence au VIH chez les UDI

4.9 %

taux de prévalence au VIH chez les HSH

Les populations clés, entre pénalisation et stigmatisation

Au Maroc, les populations clés faisant l’objet de sanctions pénales (amendes, peines d’emprisonnement), vivent souvent en clandestinité, avec un accès aux soins limité.  Certains membres des ONG travaillant sur le terrain sont parfois arrêté·e·s et les moyens de prévention distribués utilisés comme pièces à conviction. Selon des témoignages d’ HSH, la violence et les comportements discriminatoires à leur encontre sont non seulement exercés par les forces de l’ordre, mais aussi par la population et les professionnel·le·s de santé, en particulier en milieu hospitalier. Une situation qui expliquerait le nombre plus important de “perdu·e·s de vue” au sein de cette communauté. À cette discrimination s’ajoutent des phénomènes d’auto-exclusion dans l’accès aux services existants. C’est le cas notamment des TS qui, exprimant des doutes sur la réelle confidentialité dans les centres de dépistage ou ignorant leurs pratiques, ne participent pas ou peu aux campagnes.

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