Mauritanie

D’ici à 2050, la population mauritanienne devrait augmenter de moitié pour atteindre 6 millions d’habitant·e·s, entraînant d’importantes conséquences sur le développement socio-économique du pays en matière de santé, d’éducation, d’habitat, d’emploi ou encore d’alimentation. Aujourd’hui, 31% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec une disparité entre milieu rural (44,4%) et urbain (16,7%)*. La mortalité dans la population générale reste élevée (8,5‰), malgré un investissement massif depuis quelques années dans la santé sexuelle et reproductive, la santé néonatale et des adolescent·e·s. Si l’une des principales causes de mortalité est le paludisme, d’autres affections comme la tuberculose, l’hépatite B, la malnutrition ou les épidémies récurrentes de fièvres hémorragiques virales, de choléra et maladie à virus Ebola constituent autant de problèmes majeurs de santé publique. L’accès aux services de santé pour tou·te·s se heurte à des barrières géographiques et financières. Les infrastructures sanitaires, surtout en zone rurale, peinent à assurer des services de qualité et une gestion optimale des médicaments et vaccins.

 

*Source : Programme FORSS – SIRA Haby Ba, Rapport d’état des lieux des services disponibles en matière de lutte contre le VIH/sida en Mauritanie, Avril 2019

Une couverture géographique minime des services liés au VIH

Si une évolution positive des chiffres liés au dépistage du VIH a été observée depuis 2002 grâce à la mise en place de centres dédiés, à l’implication de la société civile dans le dépistage mobile et à l’adoption en 2020 d’une stratégie nationale, de nombreuses insuffisances persistent. Le territoire n’est couvert qu’à 58% et peu de centres sont fonctionnels ou communiquent suffisamment autour de leurs activités, si bien que le dépistage gratuit n’est effectif qu’en de rares endroits*. Le pays compte par ailleurs seulement sept structures de prise en charge (à Nouakchott, Nouadhibou, Kiffa, Kaédi, Néma, Zouérate et Rosso). Certaines personnes doivent ainsi parcourir jusqu’à 800 km pour atteindre le centre de prise en charge le plus proche, accentuant le phénomène de perdu·e·s de vue et compliquant l’accès aux autres composantes de l’accompagnement global (suivi nutritionnel, psychosocial, éducation thérapeutique). Seuls 8% du personnel médical sont formés au suivi des PVVIH. Les unités de prise en charge se caractérisent par ailleurs par des locaux exigus, hébergeant plusieurs activités. Ceci soulève des questions sur le manque de confidentialité et explique qu’une partie des PVVIH reste à l’écart des services qui y sont proposés.

 

*Source : Programme FORSS – SIRA Haby Ba, Rapport d’état des lieux des services disponibles en matière de lutte contre le VIH/sida en Mauritanie, Avril 2019

Chiffres clés

ONUSIDA 2021 – MAURITANIE

40 %

des PVVIH qui connaissent leur statut reçoivent un traitement antirétroviral

23.4 %

taux de prévalence au VIH chez les HSH

9 %

taux de prévalence au VIH chez les TS

Des groupes particulièrement “à risque”

La faible prévalence de l’épidémie du VIH/sida dans le pays (0,3% en 2021) masque d’importantes disparités. Elle est concentrée dans les zones urbaines (elle atteint par exemple 1,66% à Nouadhibou) et au sein des groupes dits “à risque”, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) (23,4%)* et les travailleur·se·s du sexe (TS) (9%)**. La vulnérabilité de ces groupes augmente avec un taux élevé de prévalence des infections sexuellement transmissibles et une connaissance limitée des modes de transmission. Parmi les déterminants, la pauvreté, les migrations et les mariages multiples sont souvent cités. Mais les personnes dites “à risque” et les populations clés font aussi et surtout face à un environnement législatif, social et culturel discriminant.

 

*Source : Chiffres ONUSIDA 2021

**Source : Ibid.

Les populations clés fortement stigmatisées

La Mauritanie fait partie des pays qui condamnent par la peine de mort les relations sexuelles entre personnes du même sexe (Art.308 du Code pénal). Bien que cette loi ne soit pas appliquée, les HSH sont régulièrement emprisonnés ou victimes de harcèlement de la part des forces de l’ordre. Parmi eux, les PVVIH disent souffrir de discrimination de la part du personnel soignant, soulignant le rejet et le manque de confidentialité. Associées à une défiance générale de la population mauritanienne envers les HSH et PVVIH, cette pénalisation et stigmatisation expliquent les nombreux défauts de prise en charge. Le travail du sexe quant à lui – officiellement interdit – évolue dans la clandestinité. Les TS rapportent leurs difficultés à accéder à l’information et aux moyens de prévention, mais aussi à protéger leurs droits, en particulier en cas d’interpellation par les services chargés de la “lutte contre la dépravation des mœurs”. La possession de préservatifs peut être, par exemple, un motif d’interpellation par la police. Face à la forte stigmatisation que les TS déclarent subir de la part du personnel soignant, en particulier dans les services publics, le relai assuré par les organisations de la société civile semble d’autant plus crucial.

RESSOURCES PAYS

Mauritanie

Études
Étude baseline

Connaître la disponibilité des services VIH en Mauritanie.

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Région MENA

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Rapport multi-pays

Faire ressortir les tendances et similarités dans l’état des services VIH dans …

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